Il s’avère que le patrimoine génétique local est très diversifié et
se trouve menacé par des risques d’érosion très importants. Il est
donc nécessaire d’entreprendre des actions de sauvegarde. Etant donné
que le but ultime de la sauvegarde des ressources génétiques est de
conserver des systèmes en évolution et vu le caractère ligneux et pérenne
de ces espèces, il serait judicieux d'envisager des essais de
conservation in situ (à la
ferme). L'installation de collections sous forme de vergers semi-intensifs
(dans des endroits où on trouve une source permanente d’irrigation
d’appoint) reste également une technique
appropriée pour la conservation de ces ressources génétiques locales
malgré les problèmes d'entretien qu'elle pose. Elle pourrait être
envisagée chez certains propriétaires de Jessours bien éclairés et
convaincus de l'importance de ce patrimoine. L'encadrement technique et le
soutien financier sont nécessaires surtout pour le démarrage de ce type
d'action. La réalisation correcte de certaines parcelles
"conservatoires" peut jouer un excellent rôle de démonstration
et d'encouragement pour d'autres agriculteurs.
Par
ailleurs, l'absence de documentation de ces ressources limite leur
utilisation actuelle et future. Il est indispensable d’approfondir l’étude
des caractéristiques agronomiques et technologiques de ce matériel sur
la base des besoins exprimés par les différents utilisateurs potentiels.
De telles études ne peuvent être réalisées qu'à travers un
partenariat solide avec une structure de recherche-développement spécialisée.
La
gestion des ressources génétiques reste étroitement liée à
l'utilisation qui pourra en être faite. La diversification des formes
d'exploitation des ressources génétiques contribue efficacement à leur
conservation. Donc, la meilleure stratégie de conservation des ces
ressources serait à travers leur utilisation. Elle pourrait assurer leur
durabilité en les maintenant dans leur milieu d’origine où elles
seront sujettes aux mêmes changements agro-écologiques et socio-économiques
que subit ce milieu. Une telle stratégie doit être intégrée dans un
programme global de développement ayant pour cible tout l’agro-écosystème
Douiret.
En
plus des utilisations actuelles, les fruits locaux offrent d'autres
possibilités de valorisation. En effet, les figues fraîches peuvent être
commercialisées convenablement surtout à l'échelle régionale. Les
figues sèches destinées à la consommation directe peuvent faire l'objet
d'une commercialisation à échelle plus importante. Toutefois, celles-ci
doivent être mieux emballées et mieux présentées (paquets de figues
pressées, paniers locaux de différentes tailles remplis de figues, sacs
de figues de différents poids, etc.) pour constituer un produit de
labelle. Les figues de qualité peuvent également être destinées à la
transformation industrielle pour la production de la confiture, du sirop
de figues, des boissons, du pain (pâte) de figues pouvant être mélangé
avec d’autres fruits secs comme les amandes, etc. Divers délices sont
produits à partir de la pâte de figues dans différents pays (Espagne,
Turquie, Italie). Les olives locales de grand calibre (Zarrazi) bien traitées
et bien présentées peuvent faire l’objet d’une commercialisation
importante comme olives de table. Les dattes locales pourraient servir
pour la production de sirop, d’autres boissons ou même de la pâte de
dattes pouvant être utilisée à différentes fins.
Il
faut, toutefois, signaler que de telles utilisations
"commerciales" ne peuvent être envisagées que si l’on
dispose d’une production importante et régulière soit à l’échelle
de l’agriculteur soit à l’échelle de la collectivité. Pour cela, il
serait rationnel d’étudier la possibilité d’améliorer la production
fruitière locale en installant de nouvelles plantations dans des endroits
mieux pourvues en eau pour irrigation d’appoint. Les opérations de séchage
(basé sur l’énergie solaire) et de conservation des fruits doivent
faire l’objet de certaines améliorations dans l’optique d’améliorer
la qualité du produit final. La possibilité de mise en place d’une
unité de séchage et de transformation pourrait être étudiée à l’échelle
des deux Imadats (Douiret et Ras El Oued) ou de toute la délégation
Tataouine sud. La transformation des figues et des dattes doit nécessairement
faire l’objet d’amélioration en vue de mieux rentabiliser les opérations
et d’améliorer la qualité (éviter la caramélisation du Rob …). Les
circuits et les techniques de commercialisation (marketing) nécessitent
beaucoup plus d’attention. Il serait utile d’accorder plus d’intérêt
à l’emballage et à la présentation des fruits aussi bien frais que séchés.
Par
ailleurs, la région présente plusieurs atouts. L’ensemble des Jessours
(vergers) sont conduits en mode "naturel " qui peut évoluer
vers le mode "biologique". La labellisation des produits locaux
pourrait engendrer une valeur ajoutée importante.
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